lundi 8 juin 2015

Le tricot de la colère

C'est l'histoire d'un encours. D'une impro tricot en Millamia de Suède, 100% mérinos très rebondissante, ultra agréable à mettre sur des aiguilles.


[ Jeudi matin. 8:10. Les mômes sont parés, crête vaillante et nattes impeccables. Bisous. Bonne journée à tous, à ce soir, bisous, je vous aime, bisous. 


Un café. Ouverture de session, mails, rézosocio,  liste de trucs à f... Mais c'est quoi cet article sur google analytique ? Misère de misère de misère, qu'est ce que ce qu'il se passe sur blogger ? Saperlipopette, un brouillon s'est publié ! gnnnnnn !]


Un empilage de mailles ultra rapide a démarré quelques soirs plus tôt puisque le Even était tombé de mes aiguilles. J'allais tester avec gourmandise ces pelotes bien mûres par... Des côtes perlées ? Un peu comme. Sur l'endroit tout en jersey, sur l'envers un demi point de toile. L'effet me plait, j'avance en triangle rectangle, avec deux augmentations sur le rang endroit dont l'une est faite en première intention pour obtenir bord fantaisie.




[ mais pouquoi-m'enfin ce truc ancestral est sorti ? Ce serait le petit garçon qui se planque dans les toilettes avec le téléphone portable de papa pour la énième fois ? Le Sizans bétisophile qui trafiquait hier encore sur un ordinateur toute session ouverte? Le blondinet mignon qui rôde avec sa tête de smiley en dégoulinant d'ennui ce mercredi après-midi ? C'est lui ? Ou le chat qui passait pas là, posant son gros popotin de roux sur mon mac ? 


La mère trouve toujours une excuse ou à défaut, un chat comme bouc émissaire. Pratique quand, c'est sa faute à elle, d'avoir laissé une session ouverte pour faire je ne sais quoi ! A moins que la niaise n’ait inventé un contrôle clavier ?]

L'idée se dessine sous forme de triangles, pas un seul mais plusieurs. Finalement, deux envies arrivent en même temps, comme souvent : des triangles les uns dans les autres, des triangles les uns par dessus les autres, nécessitant quelques calculs.


[Tout en gesticulant des aiguilles, l'esprit de la tricoteuse divague . Il y a des périodes où l'on voit rouge. Je suis particulièrement en colère là tout de suite mais... Le rouge sied à la honte aussi. Je me souviens. Mademoiselle avait quatre ans lorsqu'elle se prit de manie de soulever mes robes tout un été sans parvenir à comprendre qu'il était socialement gênant d'afficher son postérieur à l'école maternelle entière, même si le monde était capable de compassion.



Le Sizans bétisogène de ma maison traverserait une période similaire en mode 2.0 ? Qui vide la batterie de l'iphone avant une journée nécessairement connectée ? Qui se saoule en cachette des jeux primitifs du portable paternel à en devenir agressif ? Qui zone autour des tablettes comme un lion en cage ? Qui chaparde la souris pour cliquer dessus depuis la cuisine en laissant croire au désespéré devant son écran qu'il est attaqué par un virus informatique ?
]


Je tricote autant que je prononce d'interdictions totales d'écran. Vaine mesure : pendant que j'empile des mailles, mon geek imbrique des légos. Nos pixels respectifs sont nos vices.


Sur cette considération, je remets une partie de mon rouge trop brouillon en pelote pour coudre... du bleu.  La moralité de l'histoire, s'il en faut une : si les bêtises s'oublient comme les colères passent, les ouvrages de tricot traversent plus ou moins facilement le flot de nos émotions débordantes.

2 commentaires:

  1. Qu'il est bien écrit cet article! :)

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  2. Je ris et je compatis en même temps !
    L'essentiel est que rien ne pourra nous empêcher de tricoter !
    Bonne continuation

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